RESSOURCES COTIERES, RESERVES MARINES ET TOURISME AUX COMORES

Rapport preliminaire d'une mission OMT/PNUD
à la République Fédérale Islamique des Comores
12‑26 Décembre 1988

par

Arthur Lyon DAHL
Consultant en Ecologie
La Pallud, St. Jean de la Porte
73250 St. Pierre d'Albigny, France

Moroni, Comores
26 décembre 1988


Tout pays doit faire face à des résponsibilités difficiles, tel que la gestion durable et soutenable de ces ressources naturelles. Comme une société industrielle qui ne peut pas dépenser ou voir effriter son capital sans se trouver un jour en faillite, une nation et son gouvernement doivent veiller à ce que son capital de ressources naturelles (terre, forêt, poissons, etc.) soit bien géré pour pouvoir remplir les besoins présents de la population sans pour autant mettre en péril leur avenir.

Les régions côtières sont des zones critiques pour la gestion des ressources, parce que c'est là que les conflits entre les différents besoins de l'homme sont multipliés. La pêche, les transports, les décharges des déchets, le développement urbain, le loisir et le tourisme tous se concentrent dans cette zone de transition étroite entre terre et mer. Ces différents usages sont souvent incompatibles et doivent être partagés ou contrôlés. Sur une île, ces conflits sont encore plus critiques que la zone côtière prédomine dans la géographie de l'île.

La situation est rendue encore plus difficile parce que chaque besoin ou usage est contrôlé par une Ministère ou Département différent. Pour mener à bien la bonne gestion des ressources côtières, il faut une bonne coordination de tous les services concernés, ou même une refonte complète des structures gouvernementales chargés des zones côtières.

Un outil souvent utilisé pour la gestion des ressources naturelles est la mise en reserve d'une partie de ces ressources, tout comme une institution financière garde des réserves d'argent pour maintenir sa stabilité et palier à toute éventualité. Une réserve naturelle assure le patrimoine des éspèces et écosystèmes, sert comme point de repaire pour évaluer les changements, et fournit des ressources biologiques et génétiques pour le développement. Elle peut aussi contribuer directement à la productivité des ressources et au tourisme.

Les réserves marines sont particulièrement utiles pour la bonne gestion et la plus haute productivité de la pêche côtière dans les tropiques. En effet, les poissons des récifs se reproduisent mieux quand ils sont en grande densité. Dans les îles comme les Comores ou la récif est étroit et les pêcheurs nombreux, la surpêche diminue la capacité des zones récifales à produire des poissons. Des études dans des conditions semblables, aux Philippines, ont démontré que la mise en réserve d'une partie d'un récif augmente les prises globales de poissons malgré la réduction de la zone de pêche.

Cette situation engendre le paradoxe suivant: pour retirer le maximum de poissons d'un récif, il faut y laisser une bonne partie. Des réserves marines sur le récif servent comme centres de reproduction, d'où les poissons trop nombreux partent pour être pêché ailleurs.

Ces réserves marines seront en même temps des atouts touristiques importants. Les touristes veulent voir des récifs poissonneux, et cela devient de plus en plus rare dans le monde. Déjà les récifs de l'île Maurice sont largement dégradés et ont perdu beaucoup de leur attirance pour les touristes. Si les Comores peuvent garder des sites récifaux poissonneux cela sera une attraction majeure dans la concurrence touristique régionale.

Les sites des réserves marines peuvent être sélectionnés suivant des critères différents:
‑ importance pour les éspèces de grande valeur (Coelacanthe, tortue);
‑ récifs importants pour la reproduction des poissons;
‑ sites touristiques ou de plongée (plages; pente devant l'Hotel Coelacanthe).
Toute activité destructive des ressources doit être interdit dans les réserves, sauf la pêche au large, et dans certains cas la pêche traditionnelle des résidents locaux.

DEVELOPPEMENT DU TOURISME A MOHELI

Moheli possède une ressource naturelle de grande valeur dans les ilots autour de Nioumachoua et leurs fonds marins adjacents. Pour une île qui cherche des moyens de développement économique, la mise en valeur d'une telle ressource demande beaucoup de considération. Parmi les choix possibles, la pêche commerciale ne serait pas rentable à long terme parce que le stock des poissons récifaux est facilement épuisable, et en générale la pêche de subsistance exploite déjà les ressources côtières à leur niveau de production maximale.

La mise en réserve du site et son développement à des fins touristiques et scientifiques présente les meilleurs possibilités d'un développement fiable à long terme. Le rapport de M. Patrick de Rham, consultant FAO/PNUD, a déjà montré l'interêt d'une telle approche. Suite au rapport de M. de Rham dans le cadre du projet OMT/PNUD sur le développement touristique aux Comores, cette mission‑ci fut chargé de:

"recommander les modalités de mise en oeuvre, montages organisationnels et financiers possibles et schémas de gestion prévisibles propres à la future réserve marine de Nioumachoua dans son ensemble, et en ce qui concerne les produits touristiques identifiés comme potentiellement réalisables."

Pour de petites îles comme Moheli qui manquent de ressources et qui n'ont pas la taille nécessaire à des économies d'échelle, le tourisme présente une des rares possibilités d'un développement vers l'autosuffisance. Mais pour qu'une petite île sans antécédants touristiques arrive à se lancer sur un marché fortement concurrenciel, il faut réunir de nombreux facteurs favorables, dont certains ne dépendent pas des volontés locales. Les termes de référence de cette étude la limite aux aspects intrinsèques de l'île de Moheli. Elle ne concerne ni la connaissance ou l'organisation des Comores comme destination touristique, ni la capacité ou la commodité des moyens de transport desservant l'île. Mais ces facteurs jouent un rôle important dans le résultat finale du développement touristique et il faut prendre soins que les attentes de ceux qui se lancent dans le tourisme sur l'île même ne dépassent pas les capacités nationales d'attirer les touristes et de les acheminer sur place.

Pour une île comme Moheli, les grands projets touristiques financés de l'extérieur risquent de ne pas être fiables, et n'auraient que peu de retombés sur l'économie locale dû au fort pourcentage des importations nécessaires pour maintenir le niveau requis. Nous conseillons donc une approche graduelle à l'échelle des communautés locales, qui permettrait un apprentissage du tourisme sans trop de bouleversements sociaux ou culturels, tout en préservant le maximum de retombés pour l'économie locale.

La type de touriste visé serait donc celui qui cherche à sortir des circuits touristiques habituels pour avoir une expérience d'une île et d'un peuple encore largement en équilibre avec la nature. Ce type de tourisme est en développement rapide dans les pays surdéveloppés ou les gens cherchent un retour à la nature. Même les scientifiques ont du mal à trouver des sites ou les cycles naturelles prédominant encore sur les impacts humaines.

Moheli est parmi les rares îles aujourd'hui qui ont la taille et l'accessibilité permettant un certain niveau de tourisme, tout en gardant intact des ressources attirantes pour les touristes tels que les tortues qui pondent en nombre important sur les plages, les lémuriens dans la forêt, et le site de plongée exceptionnel autour des îlots devant Nioumachoua.

Le défi pour assurer un développement touristique durable à Moheli serait de protéger ses ressources naturelles rares et fragiles tout en assurant leur mise en valeur par une tourisme appropriée. Ce rapport a pour but de définir une telle politique.

AMENAGEMENT DES SITES TOURISTIQUES

La Réserve marine de Nioumachoua

Le point focale du tourisme à Moheli est inévitablement Nioumachoua et ses îlots. Le rapport de M. de Rham a déjà défini les besoins d'une mise en réserve de ce site. La protection integrale des îlots, de la côte de Moheli en face et des eaux environnantes est essentielle pour garantir les investissements touristiques nécessaires. Sans cette protection par décret officiel, les ressources du site seraient inévitablement dégradées par l'augmentation de la pêche commerciale, les atteintes d'une tourisme non contrôlée, et les effets terrestres non‑gérées tel que l'erosion qui a déjà mis en danger des récifs de grande valeur. La déclaration de la Réserve marine de Nioumachoua est aussi essentielle pour justifier la recherche de soutiens scientifiques et financiers de l'éxterieur pour la mise en valeur du site.

Des études économiques dans les îles du Caraïbes ont démontrés la relation coût‑bénéfice très favorables des réserves marines. La fait même d'être une réserve attire les touristes, et les revenus associés au tourisme, à la plongée et aux sports nautiques associés dépassent largement et les coûts des investissements nécessaires, et les bénéfices possibles des autres formes de développement telle que la pêche commerciale.

La mise en place de la réserve marine ne demanderait pas d'investissements importants, en dehors peut être des bâtiments abritants le centre d'accueil et de gestion. Quelques poteaux serviront comme points de repère pour marquer les limites de la réserve à terre, et (par alignement) en mer. Un ou deux grands panneaux sur les îlots face à la mer indiqueront aux bateaux arrivant du large l'existence de la réserve et les réglements à respecter. L'installation de quelques corps morts permettront aux bateaux de se mettre à l'ancre sans causer des dégâts aux coraux du fond.

Les gendarmes chargés de la surveillance de la réserve doivent être dotés de communications radio, et d'une vedette pour permettre leur déplacement dans la réserve. Leur mission serait d'assurer la respect de la réglementation de la réserve, et en particulier du contrôle des braconniers, la vérification des bateaux venant de la mer, et l'assistance ou le sauvetage des embarcations ou des visiteurs en difficulté. Ces gendarmes pourraient recevoir une formation spéciale comprenant:
‑ les valeurs de la réserve à protéger
‑ les risques et dangers dans la réserve
‑ la natation et la sauvetage de personnes en mer
‑ les premiers secours aux blesses ou noyades
‑ des notions d'anglais pour communiquer avec les touristes et plaisanciers.
Ces gendarmes devraient être habiliter à procéder à des formalités douanières et d'immigration pour les bateaux arrivant directement à Moheli.

La protection de la réserve ne comporte pas que de la surveillance en mer. Il faudrait aussi quelques contrôles des développements sur terre qui pourraient nuire aux valeurs essentielles de la réserve et de son utilisation touristique. Les récifs étant particulièrement susceptibles aux pollutions et à la sédimentation, il faut prévoir l'assainissement du village de Nioumachoua et le contrôle de l'érosion dans les bassins versants associés à la réserve.

Une fois la réserve crée, le développement touristique proprement dit peut être envisagé. Une centre d'accueil et de gestion de la réserve serait nécessaire à Nioumachoua, avec quelques panneaux d'exposition montrant une carte de la réserve avec les sites d'intérêt particulier, et éventuellement des illustrations des poissons, coraux, animaux, oiseaux et plantes qui se trouvent dans la réserve. Quelques bungalows et un petit restaurant permettront aux touristes de rester sur place, avec la maximum de bénéfice économique pour la population locale.

Il faut améliorer les transports touristiques entre l'aeroport, les hotels de Fomboni, et Nioumachoua. Sur place, il faut développer les moyens de transport vers les îlots: pirogues à moteur ou à voile, pirogues à ramme pour les moins aisés et plus sportifs; vedettes à moteur pour les plus aisés; bateaux pneumatiques ou autres pour les plongeurs. Un centre de plongé avec compresseur, équipements en location, moniteur, et guides‑plongeurs serait nécessaire pour permettre l'accès aux fonds les plus intéressants. La plongé avec scaphandre autonome serait l'activité principale dans la réserve, où les grands fonds coralliens de différents niveaux s'y prétent parfaitement. Cette facilité serait donc essentielle. D'autres activités pourrait être proposé en supplément, tel que les sorties sur les îlots, la planche à voile, et les Hobie‑Cats ou autres petits voiliers. Les sports aquatiques motorisés, tel que la ski aquatique, ne sont pas très compatibles avec la plongée (risque d'accidents) ni avec les tortues et d'autres valeurs à protéger dans la réserve, et sont déconseillés. En plus, les conditions locales n'y sont pas très favorables.

La vocation principale de la réserve devrait être la recherche scientifique. La quantité et variété des fonds sous‑marins (corail, herbier marine, mangrove, etc.) s'y prétent parfaitement. La réserve pourrait devenir une antenne de recherche d'une université ou d'un institut de recherche, qui pourrait y mener des observations et des expériences sur la faune et la flore en toute sécurité. L'existence de la pêche artisanale du village de Nioumachoua permettrait d'étudier l'effet de cette pêche sur l'écosystème. La présence de chercheurs donnerait aussi un appuie scientifique important aux efforts de gestion de la réserve. Il y a eu apparement une mortalité recente de certaines éspèces de coraux, surtout du genre Acropora, dans les eaux moins profondes. Il serait intéressant d'étudier ce phénomène et la régénération éventuelle de ces éspèces sur les récifs.

La Réserve marine de Nioumachoua pourrait être proposée à Unesco pour être classée comme Réserve de la Biosphère, et faire partie de ce réseau mondiale des sites où la protection de la nature, les processus scientifiques, et l'utilisation des ressources par l'homme sont étudiés dans leur ensemble. Il est difficile de dire si elle pourrait être qualifiée pour la haute distinction d'être classifiée comme "Heritage mondiale" sans une comparaison plus détaillée avec d'autres sites de l'Océan Indien. La République Fédérale Islamique des Comores pourrait accéder à la Convention sur l'Heritage mondiale géré par l'Unesco, et ensuite nominer la réserve pour être classé. La convention prévoit certaines aides financières dans le cadre de sites classés dans les pays en voie de développement. La fait de recevoir au moins un de ces titres ferait de la réserve un site encore plus attrayant pour les touristes et les scientifiques.

Le site archaeologique de Shwani, un village importante du 14e‑18e siècle sur les hauteurs juste derrière la plage de Nioumachoua, pourrait être inclus dans la réserve et éventuellement être développé comme un centre touristique supplementaire.

Les Tortues

Les tortues marines sont considérées comme des espèces en voie de disparition au niveau mondial. Leur croissance très lente, la vulnérabilité des oeufs et des petites tortues aux agressions de toutes sortes, et la facilité avec laquelle elles peuvent être capturées à terre et en mer, les rendent particulièrement susceptibles à la surpêche. Dans beaucoup d'îles, les tortues ont déjà disparues complétement; dans d'autres, la rare rescapée est immédiatement tuée dès sa découverte. Moheli est parmi les rares îles accessibles où les tortues sont encore communes, mais pour combien de temps? La braconnage des tortues est interdit mais cette interdiction n'est pas respectée ni dans les îlots de Nioumachoua hors de la porté des gendarmes sans transport, ni aux autres plages à tortue de Moheli ou leur abattage ou leur capture pour être abattu à Adjouan sont très courant. Le nombre de tortues estimés à venir pondre sur les plages de Moheli fut estimé a 2000 en 1972 (Frazier, 1985) et il y avait déjà une chasse aux tortues à ce moment là. Si un quart de ce nombre est pris chaque année (10 par semaine en moyenne), les pertes dépasseraient largement le récruitement des jeunes femelles, et la population serait vouée à la disparition. Pour les espèces qui peuvent prendre des décennies pour arriver au stade reproductif, dès qu'elles deviennent rares, il serait déjà trop tard de réétablir les populations des tortues dans des limites raisonnables.

Les tortues pourraient être un atout touristique important pour Moheli. Il est facile de voir les tortues au large des îlots de Nioumachoua et de nager avec elles. Des plages importantes de ponte tel que ceux à côté d'Itsamia se prêteraient facilement à des observations nocturnes des tortues qui viennent pondre sur la plage. Dans cette optique, les tortues vivantes ont beaucoup plus de valeur que des tortues mortes.

Pour développer un tourisme lié aux tortues, il faut d'abord renforcer la protection des tortues sur les plages et dans les eaux de Moheli. L'établissement des petits gites ou bungalows derrière les plages principales où les pontes de tortue sont les plus fréquentes permettraient aux touristes d'observer ce phénomène naturel. Tout devrait être conçu pour éviter des bruits ou des lumières trop évidentes qui pourraient nuire à l'arriver des tortues. Le jour ces mêmes plages se prêteraient à des activités balnéaires plus traditionnelles. La présence de ces aménagements touristiques et une renforcement des contrôles de la gendarmerie permettraient aussi une meilleure protection des plages contre les braconniers.

Tourisme terrestre

Pour donner plus de varieté à l'offre touristique de Moheli, quelques visites et randonnées terrestres pourraient être développées. Le Lac de Boundouni peut être accessible par un piste venant d'Itsamia, avec site de pique-nique au bord du lac. La piste de Miringoni vers la Chalet St. Antoine donne accés à la forêt des crêtes et à une vue splendide. Cette piste a besoin d'un entretien périodique et de quelques aménagements, mais il serait toujours limité à des promeneurs en bonne forme physique accompagné par un guide local. Le chalet pourrait, avec l'accord de la famille propriétaire des lieux, être aménagé en abri de passage. Une randonnée transversale de Fomboni à Nioumachoua pourrait aussi être envisagée.

Les pistes pour les randonnées auraient besoin d'un nettoyage tous les 3 à 6 mois et d'un entretien annuel après la saison des pluies. Quelques panneaux de balisage avec indication de la distance et la difficulté des parcours complétera les aménagements nécessaires. Le besoin de guides pour les randonnées plus difficiles fournira un travail occasionnel. Il serait utile pour les guides d'acquérir quelques connaissances de la nature de Moheli, surtout des plantes et des oiseaux, pour partager avec les visiteurs.

Les petits Lémuriens, "maquis", gardés souvent par les enfants seront aussi une attraction touristique s'il y a un endroit où ils peuvent être observé facilement dans la nature. Par contre, toute vente ou exportation de ces mammifères doivent être interdit. Sinon, comme les tortues, ils vont rapidement disparaître, et un autre atout touristique serait perdu. Si le Gouvernement des Comores decide de devenir partie de la Convention sur le Commerce internationale des éspèces en danger (Convention on International Trade in Endangered Species, CITES), celà facilitera largement la tache du contrôle de ces exportations qui mettent en danger les ressources du pays.

ORGANISATION DE L'INFRASTRUCTURE TOURISTIQUE SUR MOHELI

Le développement du tourisme ne demande pas toujours une aide financière importante de l'éxterieure. Beaucoup peut être fait avec des moyens locaux et un peu d'imagination. Un bungalow peut être construit entièrement de matériaux locaux en dehors des sanitaires et de la plomberie pour la salle de bains. Des lieux de visite peuvent être embellie avec des plantes et des fleurs du pays. Des repas touristique peuvent inclure des plats locaux, des fruits, légumes et poissons en provenance de la production locale.

Avec un peu de formation, un système de petits prêts commerciaux et une aide à la gestion de petites entreprises, une grande partie des besoins touristiques peuvent être comblée localement. Cela serait une solution pour les taxis ou mini‑cars entre Fomboni et Nioumachoua, pour les pirogues et vedettes de transport dans la réserve, et pour la location des planches à voile, équipements de plongée et autres matériels. Toute activité commerciale dans la réserve doit être soumis à l'approbation de la direction de la réserve, avec préférence pour les habitants de Nioumachoua et ensuite de Moheli.

La partie commerciale du centre polyvalent pour la réserve comportant cinq bungalows et un petit restaurant devrait pouvoir être financé par des entrepreneurs de Moheli, qui verseraient un pourcentage des bénéfices au fonds de gestion de la réserve. Le centre polyvalent lui‑même, avec place pour la direction de la reserve, d'un centre de plongée, et d'une antenne de recherche, pourrait attirer une financement bilatérale. Les activités de plongée pourraient être gérées par un concessionnaire. Des droits d'entrée pour la réserve (en dehors de la plage de Niamachoua même), qui pourrait être fixé dans un premier temps à 1000 francs par personne ou 2000 francs par famille et par semaine pour les non‑résidents de Moheli, iront aussi dans le fonds de gestion qui financerait le personnel de direction et les frais de fonctionnement de la reserve.

Il serait souhaitable de trouver une université ou un institut de recherche qui installerait une antenne de recherche en association avec la réserve, en louant l'espace dans le centre polyvalent prévu à cet effet. Un tel accord permettra aux chercheurs de mener leurs études et éxperiences en sécurité dans la réserve, et en contrepartie donnerait les conseils scientifiques nécessaires pour la bonne gestion de la réserve et un soutien au développement des capacités scientifiques comoriennes. Une invitation aux institutions intéressés pourrait être publiée dans les bulletins professionnelles appropriés dès la declaration de la réserve.

PRODUITS TOURISTIQUES A DEVELOPPER

La Réserve marine de Nioumachoua se prete particulièrement à les activités de plongée, un créneau de tourisme spécialisé à viser dans les marchés Européens, Américains et Japonais. Un journaliste pourrait préparer des articles sur Nioumachoua pour les revues de plongée dans ces marchés. Des forfaits pour une semaine de plongée aux Comores avec 5 jours à Nioumachoua pourraient être proposés.

Les amoureux de la nature pourraient être attirés par la ponte des tortues, les îlots, les récifs et poissons, les lémuriens, et les promenades en forêt. Ce serait un tourisme d'évasion de la vie trop matérielle à la recherche d'une vie simple et saine prés de la nature. Ce type de produit touristique ne demande pas des installations élaborés mais une bonne organisation qui laisse les touristes sans frustrations (transports qui marche et qui sont à l'heure, de la bonne nourriture locale, des lits confortables, et des sites propres et sans pollution).

Dès que la population devient plus habituée à recevoir des visiteurs, une élément d'échange culturel peut être rajouté au tourisme à Moheli, avec des danses, chants et cérémonies traditionnelles auxquelles les touristes peuvent être invités.

Dans le cadre des programmes de recherche qui pourraient être exécutés dans la réserve, des expéditions de tourisme scientifique pourraient être organisées. Ces éxpeditions, mis au point par des agences spécialisées surtout en Amérique, comportent des chercheurs accompagnés par des groupes de touristes qui payent pour le privilège d'assister le scientifique dans ses recherches.

Nioumachoua pourrait aussi devenir le site pour la tenue de petits ateliers et cours de formation sur la gestion des réserves marines ou des zones côtières pour la région.

Plus tard, un tourisme de "mise en forme" pourrait être organisé, avec des repas sains de fruits de mer et des fruits locaux, et des sports, éxercises et promenades graduées sous contrôle médicale, avec massage et utilisations de la flore locale.

DIMENSIONS NATIONALES DU PROJET

La création de la réserve marine de Nioumachoua servira comme projet pilote pour un réseau de réserves marines à créer autour des îles des Comores pour la meilleur gestion des résources côtières et de pêche. Dans des régions ou la pêche de subsistance a dépeuplé les zones côtières étroites, des petites réserves peuvent servir comme zones de reproduction pour des poissons dont le surplus repeuplera les régions de pêche à coté. Des expériences aux Philippines ont démontrées que le fait de protéger une partie d'un récif de toute pêche augmente les prises globales malgré la réduction de la zone de pêche.

Des petites réserves s'avéront probablement nécessaires pour mieux protéger la Coelacanthe, ce poisson qui est un fossile vivant et une trésor national pour les Comores. Dans le cadre des accords entre le Gouvernement des Comores et des instituts de recherche ou des aquariums qui voudraient des échantillons des Coelacanthes morts ou vivantes, le Gouvernement devrait demander en contrepartie une aide importante pour les recherches nécessaires sur la population de ces poissons, les prises qui peuvent être tolérés, et les concentrations des populations à proteger.

Dans le cadre de la Convention pour la protection, la gestion et la mise en valeur du milieu marin et des zones côtières de la région de l'Afrique orientale et son plan d'Action, Nioumachoua pourrait être désigné comme site pilote pour la protection et la gestion des zones côtières et permettre la RFI des Comores de participer activement dans cette importante programme régionale sous l'égide du Programme des Nations Unis pour l'Environnement.


ANNEXE 1

PROTECTION DES COELACANTHES

Le Coelacanthe est l'espèce la plus unique des Comores et un élément significatif du patrimoine mondial. Les connaissances scientifiques sur sa reproduction, sa vitesse de croissance et sa longévité sont insuffisantes pour proposer un plan de l'exploitation rationnel. A présent, il faut éviter au maximum la pêche des Coelacanthes, tout en profitant de ceux qui sont pêché au hasard, ce qui est un équilibre délicat.

Un décret déclarant que tout Coelacanthe, vivant ou mort, pêché dans les eaux des Comores est propriété de l'état avec interdiction de vente, facilitera le contrôle de l'espèce. Une indemnité modique donnée aux pêcheurs pour les Coelacanthes morts éviterait leur consommation, mais ne devrait pas inciter la pêche. Des amendes pour récidive de pêche des Coelacanthes seraient peut‑être nécessaire.

Les Coelacanthes morts pourraient être prêtés aux muséums ou aux instituts de recherche pour leur étude scientifique.

Les Coelacanthes pêchés vivants doivent être impérativement relâchés immédiatement.

S'il y a des endroits limités où les Coelacanthes sont souvent pêchés, ils doivent être déclaré réserves marines avec interdiction de pêche à des profondeurs où se trouve les Coelacanthes.

Les études des Coelacanthes dans leur milieu naturel sont à encourager, surtout par submersible ou par camera video.

La capture des Coelacanthes vivants pour les aquariums doit être réglementée et très limitée. L'expédition doit faire preuve d'un équipement adéquate pour maintenir le poisson en vie sous pression. En cas de mort du poisson, l'expédition sera avorté, et toute procédure de capture et de transport sera revue et corrigée avant toute nouvelle tentative. En échange du droit de capturer un Coelacanthe, l'organisme concerné doit proposer un programme de recherche sur les Coelacanthes sur place qui pourrait donner au Gouvernement de la RFI des Comores les données nécessaires à une meilleure gestion de l'espèce. D'autres aides au développement des capacités scientifiques des Comores pourraient être négociés. Aucune exclusivité doit être donné à une seule institution ou pays, mais les captures des Coelacanthes peuvent être limitées à une seule tentative par an, à allouer suivant les avantages proposés.

Les Coelacanthes vivants resteront la propriété de la RFI des Comores, qui touchera une pourcentage de l'augmentation du chiffre d'affaires de tout aquarium proposant une exposition payante du Coelacanthe.


ANNEXE 2

LEGISLATION SUR LES TORTUES DE MER

Le décret présidentiel n 79‑019 interdisant la capture des tortues de mer est apparemment insuffisant pour une protection efficace de ces espèces menacées. Comme prévu dans l'article 3 de ce décret, une législation adéquate doit être proposée à l'Assemblée Fédérale, avec les dispositions suivantes:

Pour viser les chasseurs de tortues:

Interdiction de capturer, abattre, blesser, posseder ou transporter les tortues de mer ou tout produit dérivé des tortues de mer tel que la viande, l'écaille, ou les oeufs. Les amendes doivent être calculés par tortue avec une valeur au moins équivalente à la valeur commerciale d'une tortue. En cas de récidive, la loi doit prévoir la saisie de toute embarcation, véhicule et instrument utilisé dans l'effraction.

Pour réprimer la commerce des produits des tortues:

Interdiction de tout vente, achat, possession ou exportation des tortues ou des produits dérivés, tel que viande de tortue, tortues empaillées, écailles, bijoux ou objets d'artisanat en écaille de tortue, etc. Les peines doivent comporter la saisie immédiate des objets ou produits concernés (en ce qui concerne les touristes), et des amendes et la saisie des objets pour les commerçants.

Pour protéger les lieux de reproduction:

Protection des nids et des plages de ponte, avec interdiction d'enlever le sable, de construire à moins de 100 mètres des lieux de nidification, d'installer les éclairages permanents dans ces zones sensibles, ou d'opérer des machines ou appareils bruyants tels que des groupes électrogènes ou des systèmes musicaux la nuit près de ces plages.

Des dérogations à ces réglementations peuvent être émis par écrit par le CNDRS dans le cas des programmes de recherche ou d'education.

Cette législation doit être soutenue par une campagne de sensibilisation auprès des populations concernées.